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Pourquoi les sites parodiques piègent-ils tant de monde et connaissent-ils un tel succès ?

LES SECRETS DES SITES PARODIQUES À SUCCÈS

Une multitude de sites parodiques habitent et agitent la toile. Ensemble, ils cumulent une audience record sur les réseaux sociaux, vecteur essentiel de leur succès. Cette audience est d’ailleurs bien au-delà de celle connue par les médias traditionnels.

Comment ces sites web parodiques et satiriques parviennent-ils à connaître une telle affluence ? Et surtout, pourquoi piègent-ils toujours autant de personnes qui considèrent les informations comme véridiques, alors même que cela fait de nombreuses années qu’ils sont « dénoncés » tant par les sites de fact checking que par les avertissements d’internautes ou encore les cours d’éducation aux médias dispensés ?

La diffusion virale : la clé du succès des sites parodiques

Les sites parodiques ont pour vocation de faire rire et/ou faire réagir. Mais, comme tout site web, ils ont besoin d’une audience, que ce soit pour des raisons économiques (gagner de l’argent) et/ou pour l’ego du créateur du site (un site à fort trafic flatte et motive davantage qu’un site qui n’en connaît pas). Aussi, ils font tout pour connaître le succès. Et le meilleur moyen, rapide et gratuit, c’est la diffusion virale via les réseaux sociaux, le fameux bouche-à-oreille 2.0 version 5G+++ !

Comment connaître le succès sur les réseaux sociaux ?

Pour une diffusion virale sur les réseaux sociaux, il ne suffit pas de publier n’importe quoi, n’importe comment. Il faut déclencher le partage … et les « « .

  • Jouer sur l’émotion : l’émotion est la faiblesse ultime de l’humain, la porte d’entrée à toutes les manipulations. Il faut ainsi générer une émotion qui évite à l’internaute de réfléchir et qu’il agisse dans un réflexe pavlovien : « C’est hallucinant, donc je partage ».
  • Pour générer ces émotions (colère, tristesse, ébahissement, terreur, etc.), il faut créer des titres ultra-accrocheurs, que ce soit par l’humour clairement affiché (Ex: DEFAKER – NON : être fainéant, ce n’est pas être positif à la Covid-19) ou par le titre putaclic (Ex : « Les parents de mineurs délinquants bénéficieront d’aides sociales complémentaires« , titre qui risque d’énerver tous ceux qui se plaignent du trop grand nombre d’aides sociales versées en France …). Les titres qui permettent à l’internaute de s’identifier (ou d’y reconnaître ses contacts), connaissent également un grand succès (Ex : Des milliers de baigneurs qui ont des piercings se font hameçonner par des pêcheurs chaque année !)
  • Les titres des articles sont d’autant plus importants qu’on estime que dans 70% des cas, c’est le seul élément qui est lu. Hé oui, 70% des articles des articles de sites parodiques partagés ne sont pas lus par celui qui les partage ! L’illustration a également son importance puisqu’elle attire l’oeil et génère l’intérêt (il suffit de regarder la ligne éditoriale de tous les médias, qui accordent une part prépondérante à l’image)

Mais connaître le succès peut pousser certains sites parodiques à quelques dérives, et notamment à la fabrique de fake news qui n’ont rien de parodiques, mais qui sont seulement des articles putaclic voire … nuls.

Pourquoi les internautes se font-ils piéger ?

De « The Onion« , créé en 1988 aux Etats-Unis, en passant par le « Gorafi » créé en 2012, jusqu’à aujourd’hui où plusieurs centaines de sites parodiques coexistent, on pourrait se dire que les internautes sont informés et qu’ils ne devraient plus se laisser piéger par les sites parodiques. De plus, depuis 2014 en France, une multitude de sites de fact-checking informent sur la non-véracité des informations des sites d’informations parodiques les plus connus. Aussi, dans la même période, de nombreux cours d’éducation aux médias sur l’esprit critique et les fake news notamment, se sont développés de l’école primaire à l’université. Alors pourquoi les internautes se laissent-ils toujours autant piégés ?

  • Les sites parodiques sont piégeux car ils utilisent les codes des médias traditionnels :
    • Les articles ressemblent à de véritables articles de presse avec un titre, une accroche, une illustration avec légende, des pseudo-citations, des pseudo-références, etc.
    • Une véritable ligne éditoriale et une charte graphique sont mis en place, parfois plus ou moins fortement inspirées de véritables médias
  • Ces sites génèrent de l’émotion. Comme nous l’avons écrit dans la partie précédente, l’émotion ne laisse malheureusement pas place à la raison …
  • Les biais cognitifs et tout particulièrement les biais de jugement (lire notre article détaillé : « Comment développer son esprit critique ?« ). Notre cerveau nous trompe. En avoir conscience est indispensable pour contribuer à se forger un solide esprit critique.
  • L’effet de groupe ou effet de meute. D’autres le partagent, je vais faire pareil, car je fais partie de la team !
  • La crédulité. Hé oui, on connaît tous cet ami naïf qui vit dans le monde des bisounours et qui y demeure quoi qu’on fasse!

Cela revient-il à dire que les internautes sont stupides puisqu’ils continuent à croire aux sornettes des sites parodiques ?

Ne généralisons pas. Nombreux sont les internautes qui suivent les articles des sites parodiques et qui les rediffusent en connaissance de cause, tout simplement car ils trouvent cela drôle. Et parfois, cela les fait d’autant plus rire quand l’un de leurs multiples contacts prend cette information au premier degré !

On constate aussi que les fake news connaissent un succès retentissant dans les groupes radicaux, extrémistes, les communautés fermées, les mouvements contestataires. En effet, les articles parodiques, considérés et diffusés comme des informations véridiques, servent à argumenter leur cause. Les informations volontairement exagérées de ces parodies confortent la pensée tout aussi exagérée de ces groupes grâce àdes arguments énormes.

Alors, que faut-il faire ?

  • Interdire les sites parodiques ? CERTAINEMENT PAS. Ils sont indispensables dans une démocratie.
  • Mieux informer les internautes ? NON. Les sites parodiques s’avouent déjà comme tels (et le doivent impérativement !) pour quiconque ouvre l’oeil. Et les faire chercher l’auteur d’une information est toujours utile !
  • Mieux former les internautes ? EVIDEMMENT. L’éducation aux médias est impérative. Les informations parodiques ne sont qu’un exemple, qu’une entrée, dans cette éducation. Mais apprendre à savoir comment se fabrique l’information, d’où elle vient, quel est son but, comment elle peut-être manipulée, etc. est impératif pour former les citoyens de demain, afin qu’ils soient à-même de se forger leur propre opinion de manière mûrement et intelligemment réfléchie.

Les sites parodiques ont pour mission de divertir, se moquer, dénoncer, etc. Mais n’oublions pas qu’ils jouent aussi volontairement avec la crédulité de certains internautes. Et si ces sites parodiques trompent toujours autant, n’est-ce pas aussi parce que les médias véritables qu’ils caricaturent leur ressemblent de plus en plus ?

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Deepfake (hypertrucage) ou la distinction impossible entre vraies et fausses déclarations

On connaissait les fake news qui, avec un peu de travail (remonter à la source originelle, croiser les informations, s’interroger sur la source, etc.), pouvaient être débusquées plus ou moins facilement.

Mais les deepfakes ont changé la donne en rendant quasiment impossible leur distinction par rapport à de vraies informations. En 2019, on estime qu’au moins 14.000 vidéos deepfakes ont été réalisées, dont 96% dans le secteur de la pornographie.

Qu’est-ce qu’une deepfake ?

Une deepfake est un hypertrucage audio et/ou vidéo qui parait véritable, grâce aux techniques évoluées de l’intelligence artificielle. Répandue dans le cinéma, la technique du deepfake s’étend désormais de plus en plus au grand public via des applis notamment.

Ainsi, on ne peut plus se fier à une voix ni même une vidéo qui ont l’apparence du réel. Dans ces vidéos, on reconnaît le visage, les expressions, les gestes et la voix de la personne. Cela est d’autant plus efficace que le logiciel d’hypertrucage et le travail opéré sont performants.

  • Ressources vidéos :

Comprendre les deepfakes

Comment créer une deepfake

Exemples de deepfakes

  • Jordan Peel et la fameuse fausse vidéo d’Obama
  • Mark Zukerberg
  • Derpfakes, une chaîne youtube de deepfakes à vocation humoristiques

A quoi servent les deepfakes ?

Très répandues dans l’univers de la pornographie (on remplace des visages d’acteurs porno par ceux de personnalités), les deepfakes ont gagné le grand public avec des vidéos à but humoristique mais elles servent également à créer de fausses déclarations d’hommes politiques par exemple.

Ainsi, les deepfakes peuvent servir un processus de désinformation dangereux, car quasiment indétectable.

Des deepfakes accessibles au grand public

  • Faceapp

Oui, les deepfakes sont accessibles au grand public, notamment avec des applications gratuites telle Faceapp. Cette appli permet de se vieillir, se rajeunir, changer de sexe, etc.

Petit aparté : c’est gratuit donc c’est vous le produit. Toutes les photos téléchargées sont envoyées sur les serveurs cloud de FaceApp.

  • Faceswap live

Application mobile créée par Laan Labs qui permet aux utilisateurs d’échanger des visages avec une autre personne en temps réel à l’aide de la caméra de l’appareil

  • Zao

Appli qui permet de remplacer le visage d’une vidéo par son propre visage très simplement !

  • Fakeapp

FakeApp est un logiciel multimédia gratuit (pour un usage non commercial) qui permet de modifier des vidéos en intervertissant deux visages. Le résultat est d’autant plus efficace que les photos de la personne cible sont nombreuses.

  • Thispersondoesntexist

Le site « thispersondoesnotexist.com » génère de faux visages à l’aide d’un algorithme qui se base sur des photos existantes et sur la technologie des réseaux adverses génératifs (en anglais generative adversarial networks ou GANs). Les développeurs de ce site assurent que les visages fixes ne sont qu’un point de départ, la technologie permettant d’aller beaucoup plus loin.

Pour les amoureux de chats, le même site existe http://thesecatsdonotexist.com/

  • Deepfakes web

Les générateurs de deepfakes se développent sur internet, à l’instar de Deepfakes web ( https://deepfakesweb.com/ ) qui permet de générer automatiquement un hypertrucage.

Risques de manipulation, propagande, désinformation

Outre l’impossibilité de distinguer un vrai discours d’un faux, il est désormais très facile de créer de multiples fausses identités … Avec le risque de manipuler l’opinion. Rappelons à ce titre le « syndrome Popeye » (je l’ai lu/vu/entendu dans plusieurs sources différentes, donc c’est vrai)

Manipuler une élection en diffusant de fausses vidéos d’un adversaire politique, créer de multiples faux témoignages, diffuser une fausse information, sont autant de dangers avec les deepfakes dont la propagation virale est difficile à contrer.

Le risque est réel de désinformer en faisant passer pour vraies des fausses informations, en créant de fausses vidéos de témoignages par exemple.

Où en est-on ?

Alors que les logiciels permettant de générer des deep fakes sont de plus en plus performants, on peut désormais créer des deep fakes en temps réel grâce à un logiciel open source en développement par des chercheurs israéliens : le projet « Subject Agnostic Face Swapping and Reenactment (FSGAN) ».

Comment débusquer et contrer les deepfakes ?

Les GAFA luttent contre les deep fakes et tentent de développer des systèmes pour les repérer.

Pour le quidam, il faut partir du principe qu’une vidéo ou qu’un son ne sont pas une preuve de vérité (au-delà même du contexte, du cadrage, du commentaire, etc. comme on sait le faire avec les fake news).

Pour cela, il convient de vérifier l’information auprès de sources fiables et spécialisées. Où la vidéo est-elle publiée (compte officiel, source fiable, etc.) ?

Le travail des experts (journalistes notamment) est ici essentiel pour s’assurer que l’information vue/lue/entendue est réelle et ne constitue pas un hypertrucage.

Enfin, n’oublions pas la part essentielle de l’éducation pour contrer ces fake news et deep fakes.

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Comment développer son esprit critique ?

QQCOQP : la base !

Pour s’interroger sur la fiabilité d’une information, on travaille le fameux QQCOQP :

  • Qui est l’auteur de l’information, qui est concerné (par qui, pour qui, avec qui, contre qui) ?
  • Quel est le message transmis (qualité et richesse du contenu, qualité de l’auteur, sources fiables citées, etc.) ?
  • Comment l’information est-elle transmise : sous quelle forme  (argumentaire, présentation, questionnement – réflexion, affirmation, etc.) ?
  • Où l’information est-elle véhiculée : quel(s) média(s) (objectif ? indépendant ?), quelle est la source (personne, entreprise, association, gouvernement, etc.) et quels sont les réseaux en lien avec cette source, l’information est-elle confirmée / contredite ailleurs ?
  • Quand l’information a-t-elle été publiée (origine ? évolution ? mise à jour ?). Est-elle obsolète ? Y a-t-il des anachronismes ?
  • Pourquoi l’information est-elle publiée / diffusée : quel est le but de ce message (informer, convaincre, vendre, divertir, etc.) ?

Et on vérifie l’information sur d’autres sources dont on s’assure de la fiabilité !

Attention au biais cognitif

Il existe une multitude de biais cognitifs. Intéressons-nous tout particulièrement à certains biais de jugement qui altèrent notre façon de voir la « réalité » :

  • Ancrage mental : influence laissée par la première impression
  • Biais de confirmation : tendance à chercher à confirmer ce qu’on pense. Ce biais de confirmation peut commencer dès la recherche d’information, dans la façon de formuler l’interrogation, saisir les mots-clés, sélectionner ses sources, etc.
  • Biais d’internalité :  accorder plus d’importance aux intentions et émotions de l’orateur qu’à son discours ou à ses actes
  • Effet d’ambiguité : tendance à éviter les options pour lesquelles on manque d’information
  • Effet de halo : perception sélective d’informations (on cherche à confirmer sa première impression)
  • Effet Stroop : incapacité d’ignorer une information non pertinente.
  • Illusion de savoir : croire que l’on sait, sans éprouver le besoin de rechercher des informations complémentaires qui mettraient à mal ces croyances

Les effets qui peuvent nous tromper

De nombreuses stratégies manipulatoires et phénomènes cognitifs (dont les biais de jugement vus de précédemment) peuvent nous tromper :

  • L’argument d’autorité (ou syndrome de la blouse blanche) : croire en la véracité d’une information simplement parce que la source fait autorité
  • L’effet cigogne : croire qu’une corrélation est une causalité
  • L’effet bouche-à-oreille : principe des rumeurs. On entend une information, on la diffuse à son tour sans la vérifier.
  • L’effet puits : plus un discours est creux, plus les auditeurs peuvent s’y reconnaître et y adhérer
  • L’effet viral : découle de l’effet bouche-à-oreille. Plus une information est diffusée, plus on a tendance à la croire.
  • Le syndrome des faux-souvenirs : croire que des informations sont vraies (« je l’ai vu et/ou entendu et/ou vécu et/ou …) alors que cela ne s’est jamais produit. Ce syndrome peut être induit par quelqu’un (manipulation) ou une forte à l’information
  • Le syndrome du poulpe : nier les informations allant à l’encontre de sa pensée, malgré d’irréfutables preuves. Peut aller jusqu’à une paranoïa (on cherche à me manipuler) ou une théorie du complot (tout le monde ment). Plus on essaie d’aller à l’encontre de la pensée, plus la personne se braque voire se radicalise.
  • Le syndrome Galilée : toute personne prétendant à une pseudo-théorie la considère presque toujours comme révolutionnaire, et s’estime par ailleurs persécutée.
  • Le syndrome Popeye : je l’ai lu/vu/entendu dans plusieurs sources différentes, donc c’est vrai.
  • Le faux syllogisme (sophisme, pour tromper ; ou paralogisme, faux raisonnement mais annoncé de bonne foi). Ex : Jésus est le fils de Dieu ; Joseph est le père de Jésus ; Donc Joseph est Dieu

Quelques conseils pour développer et aiguiser son esprit critique :

  • Penser par soi-même : ne pas se reposer sur la pensée de ceux qui font autorité, mais se construire ses propres idées
  • Développer une réflexion : ne pas tout généraliser, analyser chaque cas dans la particularité de son contexte
  • Sortir de sa « zone de confort » : accepter d’aller dans une zone de non-savoir, d’incertitude, etc.
  • Ne pas préjuger et accepter le débat : il faut chercher et accepter les points de vue différents.
  • Se remettre en question : personne n’a la science infuse. Et vérité d’un jour n’est pas vérité toujours.
  • Avoir conscience de et accepter ses limites. Accepter l’erreur et en tirer profit (pourquoi me suis-je trompé ?).
  • Avoir conscience des biais cognitifs
  • Montrer n’est pas prouver
    • Une image (fixe ou animée) ou un son ne sont pas des preuves : cadrage d’une image ou vidéo, angle, contexte, commentaire, interprétation, montage, trucage, etc.
    • Une information n’est pas une preuve : l’interroger à l’aide du QQCOQP, la contextualiser, etc.
  • Ne pas confondre
    • faits (réalité vérifiable) et opinion (jugement sur les faits)
    • information (fait relaté pour informer) et infodivertissement (information mise en scène pour divertir, information comme prétexte)
  • Gérer la confidentialité de ses données : sur Internet, les algorithmes des médias sociaux vous proposent des informations qui confortent votre point de vue (on vous pousse vers le biais de confirmation !)
  • Réfléchir à l’auteur originel de l’information (d’où vient l’image, le texte, la vidéo, etc. à l’origine)
  • Réfléchir au but de l’information (informer, émouvoir, convaincre, vendre, divertir, etc.)
  • Comprendre les médias et leurs limites. Produire un média est la meilleure façon de les comprendre !

Pédagogiquement et éducativement, que faire ?

Pour toutes ces recommandations, à vous de trouver des jeux ou séances ludo-éducatives ou pédagogiques.

La pratique de l’enfant, l’expérience, le tatônnement expérimental, sont essentiels pour qu’il développe son esprit critique.

De 3 à 10 ans : faire naître l’esprit critique

  • Favoriser le questionnement de l’enfant : ne pas leur apporter toutes les réponses, mais les laisser chercher. L’adulte joue le rôle d’accompagnateur.
  • Leur apprendre à observer le réel. Cela les fera s’interroger eux-mêmes et développera leur réflexion en s’appuyant sur des éléments concrets.
  • Défaire les stéréotypes

De 11 à 18 ans : développer l’esprit critique

  • Développer l’autonomie et oser penser par soi-même : affirmer sa pensée en l’argumentant.
  • Etre capable de mettre en doute ses propres convictions
  • Savoir écouter : accepter la parole de l’autre, les opinions divergentes.
  • Accepter l’erreur, avoir conscience de ses limites (ignorance, mauvaise connaissance d’un sujet, etc.) et avoir le droit (l’intelligence) de changer d’avis.
  • Favoriser la curiosité : chercher à comprendre par soi-même.

De 19 à 119 ans : continuer à développer l’esprit critique

  • Développer ses connaissances en étant vigilant aux biais de jugement et aux différents effets psycho-sociologiques.
  • Etre conscient que l’apprentissage est permanent et accepter ses limites.
  • Savoir s’adapter : Etre conscient de l’évolution de la société et de la façon de recevoir / chercher des informations 
  • Tirer profit de l’erreur (tant dans la modestie que dans le contenu de l’erreur)
  • Accepter et même favoriser le dialogue pour échanger ses points de vue.
  • Accepter de changer de point de vue mais en étant très vigilant à ne pas succomber à des techniques de manipulation (émotion, rhétorique, etc.)
  • Interroger la notion de « vérité »
  • Sortir de sa « zone de confort »
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Education aux médias et à l’information : fake news et désinformation

L’Education aux médias : c’est gratuit !

Inutile de demander à des associations ou entreprises qui facturent des prestations de venir dans vos établissements scolaires quand cela peut se faire gratuitement et de manière beaucoup plus pertinente !

Tous les enseignants (primaire, secondaire, supérieur) peuvent suivre des formations gratuites afin de mieux appréhender ce sujet et de pouvoir l’enseigner. Il peut aussi bien s’agir de modules en auto-formation que de formations locales ou académiques.

Tous les enseignants peuvent également faire appel aux antennes académiques du CLEMI. Les membres du CLEMI, tous enseignants, en plus d’assurer des formations, peuvent délivrer des conseils personnalisés pour mener à bien des projets d’éducation aux médias, dont les fake news. Et c’est gratuit !

Dans tous les établissements secondaires, les professeurs documentalistes sont des experts de l’EMI. Ils peuvent développer des séances ou séquences pédagogiques sur ce sujet. Les forums de prof-doc peuvent être utiles pour échanger à ce sujet notamment : http://www.profdoc.fr

Un enjeu citoyen majeur

L’Education aux Médias et à l’Information est une composante essentielle de la formation du citoyen, dès le plus jeune âge.

L’éducation aux fake news et à la désinformation est d’autant plus importante que les lecteurs non avertis accordent un énorme crédit aux fausses informations (dont ils contribuent à la propagation), alors que dans le même temps ils défient les médias traditionnels.

Méthodologie :

L’Education aux Médias et à l’Information, concernant les fake news notamment, doit accorder une place prédominante à la pratique des élèves / étudiants. Des ateliers de travail, seuls et/ou en groupe, sont à prévoir afin qu’ils puissent identifier la vaste problématique des fake news.

Echanges, débats et rencontres avec des professionnels (conscients des limites de leur métier et de la légitimité de certaines critiques) sont essentiels. La réflexion-débat des élèves / étudiants doit tenir une place centrale.

Thématiques qui peuvent être abordées (non exhaustives …)

1) Que sont les fake-news ?

Objectif : Connaître les différents types de fake news et plus généralement l’univers de la désinformation

2) Histoire des fake news

Objectif : Connaître l’histoire et l’évolution des fake news

Les fake news ne sont pas une nouveauté. Comment ont-elles évolué à travers le temps ?

3) Fake news : de l’humour à la manipulation

Objectif : Connaître les différents objectifs des différentes fake news

De l’humour potache à la manipulation de masse, il faut comprendre l’intention de l’auteur du message (divertir, faire réagir, manipuler, etc.) et comment il construit son message pour y parvenir.

4) Une nouvelle donne médiatique

Objectif : Cerner la nouvelle donne médiatique

Comment s’informe-t-on aujourd’hui ? (Différents médias, Réseaux sociaux, biais cognitif, fact-checking, buzz, etc.)

Qu’est-ce qu’un média ? Sont-ils tous neutres et indépendants ?

Qu’est-ce que le pluralisme des médias ? Qu’en est-il en France ?

5) Fake news et démocratie

Objectif : Interroger la notion de fake news vis-à-vis de la démocratie

De la satire garante de la démocratie, à la fake news qui la met en péril

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Glossaire Infaux / Désinfo

Ce lexique info-documentaire de l’infaux / désinformation / malinformation est un glossaire des principaux termes liés au vaste domaine des fake news. Il est plus généraliste que notre glossaire spécifique des différents types de fausses informations / fake news.

Astroturfing : Technique de propagande consistant à répandre de faux avis, commentaires ou témoignages de manière massive et souvent virale. L’astroturfing peut servir aussi bien à une propagande positive (vanter les mérites de quelqu’un/quelque chose) qu’à une propagande négative (cf. bashing).

Bashing : Dénigrement systématique des adversaires.

Biais de confirmation : Phénomène cognitif qui consiste à chercher à confirmer sa pensée initiale et/ou à croire davantage aux informations qui vont dans le sens de nos croyances.

Bidonnage : Terme médiatique définissant une information (article, reportage, enquête) totalement fausse, montée de toute pièce.

Bulle de filtres (ou Bulle de filtrage) : Concept développé par Eli Paliser critiquant le filtrage de l’information que nous recevons. L’information reçue serait biaisée à cause d’une part des algorithmes de personnalisation des moteurs de recherche et réseaux sociaux, et d’autre part de l’état d’isolement intellectuel et culturel dans lequel on se trouve.

Bullshit : Anglicisme désignant des propos fallacieux n’ayant pour seul but que de parvenir à imposer ses idées, à parvenir à une conclusion attendue.

Buzz : Information de faible intérêt (voire d’intérêt nul) dont le seul but est d’être partagée, commentée, likée. Il peut servir des intérêts positifs financiers (contenu putaclic) ou promotionnels (faire parler d’une personne, d’un produit, etc.) aussi bien que des intérêts négatifs dans le but de dénigrer quelqu’un ou quelque chose (bad buzz).

Canular (hoax (en)) : Un canular est une tromperie volontaire destinée à jouer avec la crédulité des gens, mais dont l’objectif reste de faire rire et/ou réagir. Il a pour but d’être dévoilé.

Complotisme (syn. conspirationnisme, théorie du complot) : Croyance qu’un ou plusieurs groupes de personnes agirait secrètement pour détenir ou conserver une forme absolue de pouvoir, n’hésitant pas à manipuler les faits… et à manipuler les gens par la tromperie, le mensonge. Dans ces théories, les politiques et les médias notamment sont perçus comme des ennemis qui contribueraient à cette vaste machination.

Débusquage (debunk (en)) : Consiste à démontrer, avec des preuves irréfutables, qu’une déclaration, un discours, une théorie, est fausse ou trompeuse. Le débusquage va plus loin que le fact-checking qui se contente de vérifier des faits.

Désinformation : Ensemble de techniques de communication visant à tromper volontairement des personnes ou l’opinion publique. Cette tromperie a pour but de protéger des intérêts ou d’influencer l’opinion publique.

Deep Fake (hypertrucage (fr)) : Technique de synthèse d’images qui permet de simuler des mouvements faciaux et de les transposer sur une personne-cible grâce à l’intelligence artificielle. Cette manipulation vidéo permet de créer des infox et des canulars malveillants (ex : faux discours d’un homme politique).

Economie de l’attention (syn. Temps de cerveau disponible) : Principe qui consiste à attirer l’attention d’un public hyper-sollicité, submergé de propositions, souvent gratuites, plus attrayantes les unes que les autres.

Effet boomerang (syn. Backfire effect) : Fait de rejeter systématiquement des preuves en contradiction avec ses croyances et/ou de se refermer sur sa croyance initiale malgré les preuves contraires (cf. théorie du complot).

EMI (Education aux Médias et à l’Information) : L’éducation aux médias et à l’information a pour but de développer des connaissances, compétences et attitudes permettant d’utiliser avec discernement les médias de manière critique, responsable et créative tant dans la vie quotidienne que professionnelle.

Fachosphère : Groupes d’extrême-droite antisémites, islamophobes, traditionnalistes ou complotistes qui diffusent des théories extrémistes et radicales tout en prônant la réinformation face aux médias traditionnels qui, selon eux, ne diraient pas la vérité.

Fact-Checking (vérification de faits (fr)) : Technique de vérification des faits et affirmations de personnes et sites web. Le fact-checking consiste à détecter et dénoncer les fake-news.

Faits alternatifs : Théorie qui stipule qu’on peut être en désaccord avec des faits concrets et que les faits ne sont pas forcément la Vérité. Il ne s’agit pas d’un mensonge mais d’une autre vision des faits.

Fake news (fausse nouvelle (fr)) : Une fake news est une information totalement fausse, destinée à manipuler ou déstabiliser. La traduction la plus proche serait “désinformation”. On distingue la fake news de propagande, la fake news complotiste et la fake news d’opinion. (Pour + de détails, consultez notre article « Différents types de fausses informations« ).

Fermes à clics : A l’origine, il s’agit d’un ensemble de personnes payées pour générer des clics « naturels » sur des publicités. Depuis, les fermes à clics consistent à créer de faux profils de followers, de faux likes, de faux commentaires, etc. dans le but d’accroître la notoriété d’une personne.

Infobésité : Mot-valise contraction de information et obésité qui désigne la masse d’information à laquelle nous sommes perpétuellement soumis. Cette surinformation, dont énormément de mauvaise qualité, complexifie son traitement.

Infomédiaire : Mot-valise contraction de information et intermédiaire qui désigne les acteurs (moteurs de recherche, agrégateurs, réseaux sociaux, etc.) qui jouent le rôle d’intermédiaire entre l’information et les utilisateurs. Ils sont critiqués en raison des bulles de filtres qu’ils créent (réception biaisée de l’information).

Infotainment (infodivertissement (fr)) : Mot-valise qui désigne un média mêlant information et divertissement. L’avantage est son côté attrayant mais l’inconvénient est l’appauvrissement de l’information. L’infotainment est très utilisé dans l’économie de l’attention.

Infox : Terme officiellement reconnu en remplacement de l’anglicisme fake news. Toutefois, ce mot-valise contraction de information et intox, est plus restrictif puisqu’il désigne exclusivement les informations volontairement fausses et trompeuses.

Junk news : Fausses informations usant d’un véritable procédé de manipulation de l’opinion. Elles ont pour objectif la propagande et la diffusion de contenus politiques extrémistes, ultra-partisans et/ou conspirationnistes.

Malinformation (syn. mésinformation) : Information de mauvaise qualité

Malscience (syn. alterscience, junk science, fake science, anti-science, zapping scientifique) : Information scientifique de mauvaise qualité voire totalement biaisée à des fins de tromperie et de manipulation de l’opinion publique avec des sciences dites alternatives.

Piège à clic (syn. clickbaits, putaclic) : Contenu racoleur, très souvent avec des titres ultra incitatifs, dont le seul but est de générer du clic, dans un intérêt financier.

Post-vérité : Situation dans laquelle la réalité des faits et la véracité des propos sont secondaires, la priorité étant donnée aux émotions et aux opinions.

Propagande : Propagation intensive d’une opinion, d’une doctrine, d’une idée à l’aide d’un ensemble de techniques de persuasion voire de manipulation. Le but est d’influencer voire endoctriner un public-cible.

Registres comiques (satire, parodie, ironie, humour) : Les sites satiriques et parodiques sont des sites qui publient de fausses informations en usant du registre comique. Leur but est de faire rire et/ou réagir, à l’instar de la caricature.

Réinformation : Théorie très populaire dans les milieux d’extrême droite notamment, qui part du principe que les médias traditionnels (qu’ils qualifient de merdias) ne disent pas la vérité. Les sites de réinformation se veulent une alternative aux médias traditionnels, dans le but de propager les idées d’extrême droite.

Rumeur : Information non vérifiée qui ne s’appuie sur aucun élément concret et avéré, voire qui s’appuie sur des sources non fiables.

Trolls : Les trolls sont des internautes intervenant sur Internet dans le seul but de lancer des polémiques virulentes et provocatrices. Le débat est très peu argumenté.

Zététique : « Art du doute ». Refus de toute affirmation dogmatique.

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Les différentes formes de fausses infos / fake news

Une fausse info ou fausse nouvelle peut recouvrir de nombreuses acceptions différentes. Entre l’humour pur, la critique par la satire ou la parodie, le dénigrement et la manipulation, il est souvent difficile de comprendre ce qu’est une fake news. Nous allons vous aider à y voir plus clair.

1) Définition de fausse information ou fausse actualité

La fausse information, fausse actualité ou fausse nouvelle peut être appelée de manière générale intox, infox ou infaux et peut parfois également être appelée de manière plus précise fake news (fausse nouvelle), hoax (canular), rumeur, parodie, satire, etc.

De manière générale, quelle que soit l’acception donnée à la fausse information, une fausse nouvelle est volontairement créée par un individu ou un groupe d’individus identifiable(s) ou non, dans un but humoristique, commercial, idéologique ou manipulatoire.

La fausse information peut s’appuyer sur des événements vrais qui ont été détournés (caricature, parodie, satire, etc.) voire manipulés (vision parcellaire ou tronquée (décontextualisation), réinterprétation (sites dits de « réinformation »), etc.) comme elle peut être totalement inventée.

Dans tous les cas, une fausse information vise à tromper en copiant les codes d’une vraie information (écriture journalistique, QQQOCP, pyramide inversée, phrases d’accroche, titres incitatifs ou informatifs, phrases de relance, illustrations légendées, citation de sources plus ou moins fiables, etc.).

La fausse information semble vraie.

2) Les différentes formes des fausses informations

Les fausses informations peuvent être distingués selon leurs objectifs. Voici un tableau récapitulatif des différents types de fausses informations et de leur dangerosité.Bien que nous ayons essayé d’opérer une distinction nette entre ces différents types de fausses informations, il est à noter que les frontières sont très ténues.

Types de fausses informations Objectifs Définition Dangerosité
Fake News ou désinformation  MANIPULATION Une fake news est une information totalement fausse, destinée à manipuler ou déstabiliser. La traduction la plus juste serait « désinformation ».
Les Fake News créent (ou renforcent) la rumeur, dans la perspective de faire réagir et agir les personnes qui les lisent.
Elle vise plus particulièrement les personnalités et le monde politique.
ÉLEVÉE
▷ Fake News de propagande ENDOCTRINEMENT La fake news de propagande provient d’une autorité quelconque (Etat, lobby, religion, etc.).
Elle vise à endoctriner, à imposer une fausse vérité émanant de cette autorité.
ÉLEVÉE
▷ Fake News complotiste DÉSTABILISATION La fake news complotiste provient de personnes, groupes ou organismes qui se disent de « contre-pouvoir ».
Elle vise à faire croire que certaines autorités établies (gouvernements, multinationales, etc.) mentent volontairement sur des sujets graves, cachent de terribles secrets, fomentent de terribles projets, etc.
ÉLEVÉE
▷ Fake News d’opinion IMPOSER UNE IDEE La fake news d’opinion est une fausse information volontairement créée afin d’appuyer l’avis d’une personne ou d’un groupe de personnes. Il s’agit d’avancer des arguments fallacieux (s’appuyant souvent sur de fausses informations, de faux experts, etc.) destinés à imposer une idée. MOYENNE à ÉLEVÉE
Rumeur COMMERCIAL
OU DÉNIGREMENT
Les rumeurs consistent en de fausses informations concernant une personne ou un groupe de personnes, un événement ou un ensemble d’événements, etc. Il s’agit d’informations non vérifiées qui ne s’appuient sur aucun élément concret et avéré, voire qui s’appuient sur des sources non fiables. La rumeur peut aller jusqu’à du dénigrement (attaque de la réputation de quelqu’un), de la diffamation (allégation qui porte atteinte à l’honneur et à la considération d’une personne) ou de la calomnie (dénaturer sciemment quelque chose par de fausses interprétations).
Parmi les rumeurs, on retrouve certaines infos people (on se rapproche alors du buzz) et les légendes urbaines (rumeurs tenaces qui traversent les générations).
 MOYENNE
Buzz COMMERCIAL A l’instar des journaux people, les sites de buzz ou infos-scandales ont pour seul but de générer du trafic pour générer des revenus publicitaires (la « monétisation de clics »). Ils usent de titres incitatifs et truffent leurs textes de mots-clés stratégiques afin d’attirer les internautes.
Sa dangerosité relève quelque peu du contenu (qui alimente les rumeurs) mais surtout de son caractère viral (diffusion massive sur les réseaux sociaux).
FAIBLE à MOYENNE
(Propagation virale développant la rumeur)
 Canulars/Hoax  (S’)AMUSER Les canulars (en anglais « Hoax »), sont des fausses informations dont le but est de tromper ou de faire réagir. Cette farce vise à jouer avec la crédulité de ses destinataires. Les canulars ont une vocation généralement humoristique, même si certains canulars peuvent tendre vers la rumeur.
Les « Poissons d’Avril » sont des canulars.
FAIBLE
(Risque de transformation en  rumeur)
Satire FAIRE RÉAGIR La satire consiste en une fausse information humoristique qui se définit comme une critique moqueuse de son sujet (personnes, organisations, Etats, etc.). Elle a pour but de faire réagir en usant d’une provocation plus ou moins intense. NULLE
 Parodie  DIVERTIR La parodie consiste en une fausse information humoristique qui utilise le cadre, les personnages, le style et le fonctionnement d’une œuvre ou d’une institution pour s’en moquer. Elle a pour but de divertir. NULLE

Il convient de bien savoir ce dont on parle quand on aborde la notion de fake news. En effet, l’intention est essentielle à considérer lorsqu’on aborde cette notion. Cette intention peut être purement humoristique (blague, parodie, satire, canular, etc.), commerciale (buzz, rumeurs, etc.) ou peut viser à manipuler pour porter préjudice (fake news).
Ainsi, si certains jouent de la liberté d’expression pour diffuser de fausses informations, il convient de bien distinguer le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire la fausse information humoristique de la fausse information manipulatoire.
Une opinion ne s’impose pas. Elle doit se construire en toute connaissance de cause, c’est-à-dire avec une dissonance cognitive qui s’alimente d’informations multiples, provenant de sources divergentes fiables et véritables, où l’on distingue clairement l’objectif du subjectif.

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Creepypastas : des légendes urbaines d’horreur dont les jeunes sont adeptes !

Les creepypastas sont une nouvelle forme de légendes urbaines d’horreur qui connaissent un succès qui ne se dément pas depuis l’invention de ce terme en 2007. Le succès des creepypastas a été facilité et même accéléré par le développement d’Internet en général (courriels dans un premier temps) et des réseaux sociaux en particulier.

Définition des creepypastas

Les creepypastas sont des histoires étranges, destinées à faire peur, et qui exploitent non seulement le texte, mais également des photos et/ou sons et/ou vidéos. Ces supports permettent de renforcer le caractère « réaliste » de ce canular.

Plus simplement, on pourrait rapprocher les creepypastas à des légendes urbaines reposant sur des documents créés de toute pièce (fakes) ou truqués (hoax).

On peut distinguer les creepypastas de divertissement, où les histoires ne sont destinées qu’à divertir en faisant peur, des creepypastas canulars, destinés à tromper volontairement avec des conséquences qui peuvent être plus ou moins graves.

Creepypasta est un mot-valise anglophone formé des termes creepy (qui signifie effrayant) et copy-paste (qui signifie copier-coller, dans le sens où le texte est largement copié et diffusé).

Une forme particulière de canular

Les creepypastas sont des canulars qu’on peut rapprocher des légendes urbaines. En effet, chaque creepypasta raconte une fausse histoire dont la tournure est l’horreur. Ces fictions d’horreur diffusées sur Internet marient non seulement le texte mais aussi le son, la vidéo, l’image, etc., ce qui renforce leur attractivité.

Un succès chez les jeunes

Depuis 2010, les creepypastas connaissent un énorme succès. Ce succès est dû à l’aspect attrayant de ces histoires d’horreur agrémentées de photos, images, sons, vidéos, etc. Les creepypastas abordent de nombreuses thématiques telles que les théories du complot, le mensonge d’état, les phénomènes paranormaux, etc.

Ainsi, le succès des creepypastas repose sur le mélange de thématiques dont les jeunes sont friands et du support de diffusion qui est Internet, avec des contenus multimédias.

Danger ou opportunité ?

Les creepypastas constituent-elles un danger ou une opportunité ?

En fait, tout dépend l’approche qu’on a des creepypastas. Si l’internaute est une personne crédule, qui lit seule ces canulars, ces creepypastas représentent un réel danger, risquant de créer une peur voire une véritable psychose chez celui qui le lit. On peut citer l’exemple (extrême mais bien réel) du creepypasta du « Slender Man », histoire à cause de laquelle il y a eu une tentative de meurtre d’une adolescente par deux de ses amies prétendument en « offrande » à celui-ci.

Mais les creepypastas peuvent avoir une autre approche créative voire pédagogique. En effet, de nombreux jeunes qui aiment ou non écrire, adorent partager ces histoires qui font peur. Certains vont même jusqu’à en créer. Aussi, les creepypastas peuvent être une approche pédagogique intéressante de l’écriture créative individuelle ou collaborative. Cette écriture nécessite de travailler l’argumentation, la crédibilité et la cohérence de l’histoire, la complémentarité texte-image ou texte-son ou texte-vidéo, etc.

En somme, les creepypasta peuvent sur la forme servir à l’éducation aux médias et à l’information et sur le fond, servir aux travaux d’écriture et au développement de la créativité.

 

Les creepypastas sont une déclinaison des légendes urbaines qui connaissent un énorme succès chez les jeunes. A l’instar des hoax, infaux et autres informations satiriques et parodiques, les creepypastas peuvent servir à la détente mais aussi à l’éducation aux médias et à l’information. En outre, les creepypastas peuvent servir d’objet et d’outil de travail pour développer la créativité et l’écriture individuelle voire collective chez les jeunes … et les moins jeunes.

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Les médias satiriques et parodiques français : succès ou déclin ?

Les médias satiriques et parodiques sont indispensables dans une société démocratique, car garants d’une liberté d’expression totale. Mais aujourd’hui, les médias satiriques français connaissent-ils un véritable engouement ou sont-ils sur le déclin ? Nous allons porter une brève analyse factuelle en étudiant chaque type de média satirique : papier, télévision, radio et enfin Internet.

1) La presse satirique traditionnelle « papier »

La presse satirique, qui use de critiques moqueuses, est un moyen d’information et d’expression indispensable pour garantir une liberté d’expression totale. Cette presse satirique est apparue en France sous forme papier lors de la Révolution française, avant de prendre son essor en Europe au XIXème Siècle. (+ d’infos en lisant notre article « La Presse Satirique« )

La presse satirique française connaîtra un léger déclin à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle. D’une dizaine de titres durant le 20ème siècle, on passe à seulement 3 titres de presse satirique française au 21ème siècle.

Il faudra attendre l’ « effet Charlie Hebdo » de 2015 (consécutivement aux Attentats des 7 au 9 janvier 2015) pour que les Français et plus généralement les Européens retrouvent goût à la presse satirique. Concrètement, Charlie Hebdo passe de 10 000 à 220 000 abonnés suite à ces attentats. Sine Mensuel (qui fait suite à Sine Hebdo) profite également de cet « effet Charlie Hebdo », avec des abonnements qui doublent pour arriver à 4000. Il ne faut pas oublier le 3ème grand titre de presse satirique, à savoir « Le Canard Enchaîné » qui est réputé pour son indépendance (aucune publicité) et sa capacité à dévoiler fréquemment des affaires d’Etat et autres affaires politiques.

2) Les émissions de télévision satiriques

Si la presse satirique « papier » n’est aujourd’hui représentée que par 3 titres, il ne faut pas oublier que la satire est aujourd’hui présente à la télévision.

Avec le développement de la télévision se sont répandues les émissions satiriques : « La boîte à sel » (de 1955 à 1960), « Le Petit Rapporteur » (de 1975 à 1976), « Merci Bernard » (de 1982 à 1984), le « Bébête Show »  (de 1982 à 1995).
A l’étranger également des émissions satiriques ont été développées : en Suisse avec « Les Bouffons de la Confédération » (de 2009 à 2010) ou « Le Fond de la corbeille » (de 1989 à 2003), en Belgique avec « Ca vous fait rire ? », aux Etats-Unis avec « The Colbert Report » (de 2005 à 2014) ou « The Daily Show (diffusé depuis 1996).

En France, actuellement, ce sont tout particulièrement 3 émissions de télévision satiriques qui connaissent ou ont connu un important succès :

  • Les Guignols :  émission de télévision satirique française de marionnettes, diffusée depuis le sur Canal+ ;
  • Le Gorafi : du printemps 2014 à septembre 2015, Le Gorafi, connu sous sa forme web, a été présenté sous la forme d’une chronique du Grand Journal, de deux à trois fois par semaine ;
  • C’est Canteloup : Diffusée depuis le sur TF1, l’émission satirique est présentée par l’imitateur Nicolas Canteloup et Nikos Aliagas.

3) La satire à la radio

A l’instar du Gorafi qui a été décliné à la télévision, un média satirique « papier » avait eu sa déclinaison à la radio : « Le Canard Enchaîné ». Radio-37, propriété du quotidien Paris-Soir, propose de juillet 1938 à fin mars 1939, le quart d’heure du « Canard Enchaîné ». L’émission satirique radio était animée par l’humoriste et imitatrice Marguerite Gilbert, et par Pierre Mingand, comédien et chanteur.

Actuellement, la satire à la radio prend la forme de chroniques ou émissions avec des imitateurs tels que :

  • Nicolas Canteloup (qui a été imitateur pour Les Guignols de l’info de 1995 à 2011) dans la matinale d’Europe 1 ;
  • Laurent Gerra avec « La Chronique de Laurent Gerra » sur RTL ;
  • Gérald Dahan sur Sud Radio.

4) Internet : le nouveau terreau de la satire

Le développement d’Internet et la garantie d’une expression libre sans aucun filtre éditorial, facilite le développement de nombreux sites web satiriques. Ainsi, des plus connus comme Le Gorafi ou Urtikan on peut citer de nombreux autres sites web satiriques moins populaires tels que Tomimag ou Desinformations.com, et bien d’autres encore !

Ces informations satiriques connaissent un énorme succès grâce aux réseaux sociaux qui facilitent leur transmission virale. Nombreux sont d’ailleurs les internautes, mais aussi les journalistes et personnalités qui se laissent piéger !

En conclusion, on peut dire que le succès de la satire varie selon les médias. En presse écrite, ce sont 3 titres qui connaissent un succès nouveau suite aux attentats de Paris de janvier 2015. En radio, la satire est très appréciée ainsi qu’en attestent les audiences. Elle s’exerce sous la forme d’imitations. Sur Internet, la satire ne cesse de se répandre grâce à de nombreux médias satiriques plus ou moins connus, mais également grâce aux petites phrases parodiques, satiriques, ironiques, caustiques, qui se diffusent aisément grâce aux réseaux sociaux notamment.

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Fakosphère : attention aux fake news !

1) Ne pas mélanger fake news et informations parodiques / satiriques !

Fakosphère : attention aux fake news qui se répandent pour imposer des idées voire une idéologie !

La fakosphère est le nom donné aux personnes, organismes, institutions qui colportent des fake news, c’est-à-dire des fausses informations destinées à manipuler l’opinion. En effet, les fake news ou fausses informations, consistent en des canulars diffusés délibérément dans l’intention d‘induire en erreur dans le but d’obtenir un avantage financier ou politique. 

Les informations parodiques et satiriques quant à elles sont des fausses informations destinées à amuser / divertir ou faire réfléchir. Les informations parodiques et satiriques s’assument en tant que telles (il est clairement indiqué que les informations sont fausses et diffusées dans un but humoristique).

> Pour + d’informations sur cette distinction entre fake news et informations parodiques / satiriques, vous pouvez lire notre article « Différences entre infaux humoristiques et désinformations ou infos complotistes« .

2) La fakosphère : des modes d’action manipulatoires

Comme nous l’avons vu, la fakosphère a pour mission d’induire volontairement en erreur. Elle manipule pour obtenir des avantages financiers ou politiques.

Cette fakosphère consiste en un groupe qui officie généralement de manière massive, à un moment donné (choisi stratégiquement), afin de propager des rumeurs. La fakosphère officie énormément sur les réseaux sociaux, où l’information se diffuse de manière virale, instantanée, massive, sans vérification. Pour que l’information paraisse vraie et se propage d’autant plus aisément, les membres de la fakosphère n’hésitent pas à diffuser simultanément depuis plusieurs fakes sources différentes. Ainsi, l’information réelle qui pourrait démentir ces fakes news est noyée. Grâce aux réseaux sociaux, les messages de la fakosphère connaissent une chambre d’écho (situation dans laquelle l’information, les idées, ou les croyances sont amplifiées ou renforcées par la communication et la répétition dans un système défini) exceptionnelle.

Et le lecteur, qui voit plusieurs sources fakes qui confirment la même chose, est plus facilement tenté de croire à ces fakes news.

En outre, la fakosphère s’appuie énormément sur la mécanique des complots, laissant croire au lecteur qu’on lui ment, que les médias lui cachent la vérité.

3) La fakosphère n’informe pas, elle impose ses opinions

La fakosphère est un groupe qui manipule dans le but d’imposer ses opinions. En aucun cas elle n’informe. Pour étayer sa stratégie, elle peut s’appuyer sur des faits réels, mais qu’elle décontextualise et/ou pour lesquels elle n’offre qu’un regard partiel volontairement biaisé.

Ainsi, via ces techniques de manipulation de masse, elle tente d’imposer ses opinions et/ou de déstabiliser une personne, un groupe, un parti politique voire un état.

4) La fakosphère politique et l’ère post-vérité (ou ère post-factuelle)

La fakosphère est très présente dans l’univers politique. Cette fakosphère politique s’appuie sur les nouvelles interactions entre les politiques et les médias, avec notamment les réseaux sociaux qui permettent à tout un chacun de s’exprimer simplement, sans passer par le filtre de vérification des informations des journalistes. Ainsi, la fakosphère joue énormément de l‘ère post-vérité, c’est-à-dire de cette culture politique où les débats sont orientés non pas vers des faits, mais vers l’émotion, en présentant subtilement des opinions personnelles comme des éléments factuels. Or, on sait très bien que l’intelligence consiste à ne pas se limiter à une émotion subjective, mais qu’elle doit laisser place à une véritable réflexion objective. En clair, la fakosphère impose la logique que la vérité factuelle n’a plus d’importance.

5) Pourquoi la fakosphère connaît-elle un tel succès ?

La fakosphère connaît un véritable succès à cause tout d’abord du contexte médiatique actuel. En effet, les médias connaissent une crise profonde dont joue la fakosphère pour soi-disant « réinformer« .

En outre, la fakosphère s’appuie sur la méfiance qu’ont les personnes envers les médias. Ils renforcent d’ailleurs cette méfiance, en décrédibilisant les médias et les journalistes, pour mieux propager leurs idées ou idéologies en les martelant comme des faits.

6) Comment agir contre la fakosphère ?

Agir contre la fakosphère consiste tout d’abord à ne pas se laisser piéger soi-même. Pour cela, il faut toujours identifier l’auteur de l’information et son intention.

Ensuite, il ne faut en aucun cas diffuser ce genre d’informations, même pour les dénoncer, puisque cela n’a pour effet que de répandre cette rumeur.

Il ne faut pas non plus oublier de signaler les auteurs de ces fake news. En effet, bien souvent les auteurs de fakes news sont passibles de condamnations pour dénigrement, diffamation, déstabilisation de campagne électorale, etc.

Les fakes news sont de fausses informations destinées à manipuler l’opinion. Dangereuses, elles peuvent contribuer à déstabiliser une personne, un groupe, un parti voire un Etat. C’est pourquoi il convient de lutter contre les auteurs de ces fakes news avant que la fakosphère ne devienne un terreau pour des personnes ou groupes de plus en plus malintentionnés …

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Différences entre satire et parodie

La satire et la parodie sont 2 genres humoristiques relativement proches, ce qui entraîne souvent une confusion. Nous allons donc éclaircir les spécificités du genre satirique et du genre parodique.

Quelles sont les différences entre la satire et la parodie ?

1) Des méthodes différentes pour se moquer

– La parodie consiste à copier un concept, une idée, une personne, en vue de se moquer pour faire rire. La parodie prend souvent la forme de la caricature, même si elle ne s’y limite pas.
– La satire vise quant à elle à se moquer d’un événement, d’une idée, d’une personne, mais sans reproduire le sujet directement.

Ainsi, la parodie se limite à une copie (souvent caricaturée) tandis que la satire est une moquerie plus subtile, plus fine.

2) Des finalités différentes

La parodie et la satire ont pour objectif la moquerie à visée humoristique. Mais leur finalité est différente.

– La parodie est destinée simplement à se moquer, sans pour autant viser une contestation profonde de la société. La parodie est donc légère, destinée seulement et simplement à faire rire en usant de moquerie.
– La satire s’inscrit quant à elle dans une véritable contestation sociale. Elle met en exergue une colère ou une frustration en essayant de rendre le sujet de cette colère ou frustration acceptable en le tournant en dérision. La satire est donc un genre contestataire qui dépeint une colère sociale réelle en usant d’humour, de moquerie.

La satire est donc très sérieuse puisqu’elle vise à faire réagir, réfléchir ; là où la parodie est très légère et ne vise qu’à divertir, faire rire.

3) Des cibles différentes

– La parodie a pour objectif de se moquer d’une personne, d’un événement ou d’une situation, en l’imitant voire en le caricaturant.
– Par contre, la satire elle ne cible pas une situation, un événement ou une personne, mais un sujet de société sérieux.

La satire est donc davantage travaillée pour dénoncer subtilement, finement, tandis que la parodie attaque directement, sans filtre, avec lourdeur.

4) En résumé

– La parodie consiste en la copie d’un événement, d’une personne, d’une chose, dans un simple but de divertissement et d’humour. La parodie est un humour léger.
– La satire quant à elle vise à aborder avec humour, mais dans un but critique, un sujet de société important.  La satire use d’humour et de dérision pour dénoncer et faire réfléchir. A noter que la parodie peut être un procédé au service de la satire.

En guise de conclusion, cette jolie citation de Vladimir Nabokov : « La satire est une leçon tandis que la parodie est un jeu » …