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Trafic de pétrole entre l’Arabie Saoudite et la France : un réseau démantelé

DOUANES / TRAFIC DE PÉTROLE – Les prix des carburants en France sont si élevés que se développent, à l’instar du trafic de drogue, des trafics de pétrole, tout aussi lucratifs. Un important réseau de trafiquants de pétrole officiant entre l’Arabie Saoudite et la France vient tout juste d’être démantelé.

Un important trafic de pétrole démantelé entre Paris et Riyad par les douaniers.

La hausse des prix des carburants en France est le sujet polémique du moment. De la justification écologique de l’Etat en passant par la mise en place d’allocations carburants et la nécessité pour les transporteurs de carburants de s’équiper de routiers convoyeurs de valeurs, le débat est très virulent et concerne tout le monde. Aussi, eu égard à la valeur prise par le pétrole en France, se sont développés des réseaux de trafiquants de pétrole, à l’image des réseaux de trafiquants de drogue.

Au début du mois d’octobre 2018, un important réseau de trafiquants de pétrole a ainsi été démantelé à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle :

“Nous avons traqué pendant plusieurs mois des personnes que nous avions identifiées comme importatrices illégales de pétrole en provenance de Riyad. Après être parvenus à remonter aux têtes des réseaux en France et en Arabie Saoudite, nous avons décidé de mener une action d’envergure afin de contrôler tous les suspects qui transportaient du pétrole. Pour ce faire, nous avons procédé à l’arrestation simultanée des têtes de réseaux à leurs domiciles de Paris et Riyad pendant que nous contrôlions les suspects à la douane de Roissy.

Ainsi, au cours de nos contrôles nous avons arrêté :

  • 35 mules, c’est-à-dire des personnes qui convoyaient du pétrole dans des capsules qu’ils ont ingérées. Chacune de ces mules convoyait environ 15 litres de pétrole dans leurs intestins.

  • 15 passagers détenant des faux aliments gorgés de pétrole (en moyenne 10 litres par personne)

  • 12 passagers détenant des valises à double fond qui contenaient chacune 5 litres d’essence

  • 6 passagers qui sont arrivés avec une quantité anormale de plastiques (environ 20kg chacun) destinés à être transformés en pétrole (ndlr : en chauffant le plastique à environ 450 °C, il est possible de produire 90 kg de carburant à partir de 100kg de plastiques)” nous confie Jean-Claude Gabeloup, douanier responsable de l’opération.

La difficulté dans ce genre d’affaires est de parvenir à détecter le pétrole :

“Contrairement aux drogues pour lesquels nos chiens sont dressés à la détection, cela n’est pas le cas pour le pétrole. D’autant plus que les trafiquants parviennent à masquer l’odeur. Alors, nos investigations se font en amont et en aval. On enquête, on surveille, on identifie le réseau des pieds de la tentacule (ndlr : les acheteurs) à sa tête (ndlr : les chefs de réseau).” révèle J-C Gabeloup.

Ce coup de filet était indispensable selon J-C Gabeloup, puisqu’il permet d’éviter l’arrivée irrégulière de près de 1 tonne de pétrole illégal sur le territoire français chaque jour :

“L’opération du 5 octobre dernier nous a permis de retrouver 857 kg de pétrole importés illégalement. Cela peut paraître infime, mais quand on sait qu’en moyenne, chaque jour, c’est 1 tonne de pétrole qui arrive illégalement, et cela ne cesse de s’accroître. Plus l’Etat augmente les prix, plus le trafic de pétrole est important. Il faut agir et vite, d’autant plus qu’il est prévu une augmentation constante des prix des carburants …”

Mais ce qui inquiète le plus J-C Gabeloup, ce sont les touristes qui sont approchés pour convoyer du pétrole :

“On a eu de nombreuses remontées d’informations de touristes qui se rendaient en Arabie Saoudite et qui étaient approchés pour convoyer du pétrole entre l’Arabie Saoudite et la France en échange d’un petit pécule pouvant aller jusqu’au paiement intégral du billet d’avion.”

Les opérations douanières de contrôle d’arrivée de pétrole vont bientôt être facilitées grâce à l’arrivée de chiens formés non seulement à la détection des drogues, mais également du pétrole :

“Actuellement, 150 bergers malinois sont en cours de formation pour détecter en plus des drogues, le pétrole. Nos contrôles douaniers seront donc d’autant plus efficaces ; nous dissuadons ainsi quiconque de convoyer illégalement du pétrole.”

En effet, le convoi de pétrole illégal vous fait risquer les mêmes peines que tout autre trafic de drogue ou importation de substances illicites (5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende pour les petits trafiquants jusqu’à 10 ou 30 ans d’emprisonnement et 7 500 000 € d’amende pour les plus gros trafiquants).

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Politique

Vente d’armes à l’Arabie Saoudite : “On poursuit la vente mais ils doivent en faire bon usage”

ARMES / ARABIE-SAOUDITE –  Suite au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul, la France a décidé de prendre des sanctions. La vente d’armes se poursuivra, mais une clause dans le contrat contraindra l’Arabie-Saoudite à “faire bon usage de ces armes [dont] ne pas les utiliser à l’encontre de la France ou de ses alliés”.

La France poursuit la vente d’armes à l’Arabie-Saoudite mais avec une clause de “bon usage”.

Le 2 octobre, le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul a scandalisé la communauté internationale. L’Allemagne a menacé de suspendre ses exportations d’armes vers l’Arabie Saoudite et a demandé aux autres pays européens de procéder de même. Or, la France, troisième exportateur de matériel militaire vers Riyad après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, est moins radicale. Il faut dire que ce marché représente 13,5% du total de ventes d’armes françaises depuis 2008.

La France se rassure :

“Le meurtre du journaliste n’a pas eu lieu avec une des armes que nous avons vendues. Et comme nous ne voulons pas faire preuve d’ingérence dans la politique de l’Arabie Saoudite, il n’est pas légitime de les sanctionner, même si le meurtre d’un journaliste est immoral.”

Alors, pour solutionner ce problème diplomatique et militaro-politique consécutif au meurtre d’un journaliste dans un consulat, la France a décidé de poursuivre la vente d’armes à l’Arabie Saoudite sous réserve qu’ils en fassent bon usage :

“L’économie française a besoin de la vente d’armes à l’étranger, y compris à l’Arabie Saoudite, qui représente 13,5% de notre marché de ventes d’armes. Toutefois, nous tenons à exprimer notre extrême mécontentement pour le meurtre intolérable d’un journaliste, à plus forte raison au sein d’une structure consulaire !

C’est pourquoi, désormais, nous incluons systématiquement une clause dans nos contrats stipulant qu’ils doivent faire bon usage de ces armes, dans une unique perspective défensive. Cela leur interdit notamment de les utiliser à l’encontre de la France ou de ses alliés ni à l’encontre de représentants politiques, diplomates, journalistes, etc.”

Grâce à cette clause, la vente d’armes à l’Arabie-Saoudite pourra se poursuivre telle qu’avant, mais engage l’Arabie-Saoudite à adopter un comportement responsable irréprochable.