ECONOMIE – L’argent noir, c’est-à-dire l’argent liquide non déclaré par certains indépendants, peut désormais être comptabilisé pour leur retraite. Une simple déclaration sur l’honneur auprès de l’administration fiscale suffit.
Bonne nouvelle pour les commerçants, artisans et autres indépendants qui pratiquent l’argent noir, c’est-à-dire qui ne déclarent pas toutes leurs rentrées d’argent : ces sommes peuvent désormais être comptabilisées dans leur retraite.
Pour ce faire, il suffit de se tourner auprès de l’administration fiscale afin de signaler le montant des sommes non déclarées perçues. Une déclaration sur l’honneur suffit. Elle peut être renouvelée mensuellement ou annuellement, en indiquant le total des sommes non déclarées perçues durant cette période. L’administration fiscale se charge alors de prendre en compte ces montants au noir pour le calcul de vos droits à retraites.
Une aubaine pour avoir une belle retraite en dépit de la non-déclaration tous ses revenus !
ART GIRATOIRE – Dany est un artiste giratoire, également appelé artiste de rond-point. C’est-à-dire qu’il ne crée que des œuvres artistiques destinées aux ronds-points qui parsèment la France. Grâce à cette spécialité artistique, Dany touche un salaire mensuel moyen de 28.000€.
La France est championne du monde des ronds-points ; on en dénombre de 40.000 à 50.000. Or, le coût de ces ronds-points est élevé : de 200 000 à 1 million d’euros, auxquels il faut ajouter des frais d’environ 10 000 euros par an pour un rond-point végétalisé ou entre 30 000 et 75 000 euros pour une sculpture. On note qu’environ 500 ronds-points se créent chaque année.
Devant cette manne que présentent les carrefours giratoires, certains artistes se sont spécialisés dans l’art giratoire. C’est-à-dire que ces artistes ne créent que des œuvres destinées aux ronds-points. Dany, artiste giratoire au Mans, nous explique ce qu’est l’art giratoire :
« L’art giratoire est une spécialité artistique qui s’est développée au milieu des années 2010. C’est un art qui consiste à créer des œuvres spécialement dédiées aux ronds-points. Pour ma part, je me suis spécialisé dans l’art giratoire en 2016, suite à plusieurs commandes de collectivités locales. J’ai la chance d’avoir un ami qui est un élu politique influent de la Sarthe et qui me signe de très nombreux contrats.
L’art giratoire est un art complexe, puisqu’il s’agit de créer des œuvres non pas généralistes qui peuvent se trouver n’importe où, voyager dans différents musées, etc. Non, ce sont des œuvres très spécialisées, qui ne sont destinées à être qu’à un seul endroit. C’est une sorte de land-art permanent sur un rond-point. »
Concrètement, Dany passe plusieurs jours à s’imprégner de l’endroit avant de commencer son oeuvre :
« Un artiste giratoire passe nécessairement de nombreuses heures sur le lieu où il devra positionner son oeuvre d’art. Il faut véritablement faire corps avec le lieu pour savoir quel type d’oeuvre sera le plus approprié. C’est un travail long : je passe au moins 20 heures à méditer sur place ».
Une fois que l’artiste a l’idée de l’oeuvre, il ne reste plus qu’à la concevoir :
« La conception de l’oeuvre me prend de 120 à 200 heures, parfois jusqu’à 500 heures pour les œuvres les plus complexes. Le choix des matériaux, la taille, le message à exprimer me sont communiqués sur un cahier des charges que je dois respecter ».
Si Dany a choisi cette spécialité artistique, c’est aussi parce qu’elle est très rémunératrice :
« Auparavant, je gagnais difficilement 1500€ par mois pour près de 50 heures de travail hebdomadaires. Aujourd’hui, pour une oeuvre, je suis rémunéré en moyenne 50.000 euros auxquels il faut soustraire 10.000 euros de matériaux et frais de fabrication soit du 40.000 euros nets. Et je ne m’occupe de rien d’autre que concevoir : toute la logistique est gérée par la collectivité locale qui m’a passé commande ».
Ainsi, grâce aux ronds-points, Dany gagne 200€ par heure de travail, soit en moyenne 28.000 euros par mois en étant aux 35 heures.
L’avantage des œuvres de Dany est qu’elles sont nécessairement achetées :
« Dès qu’on me passe commande, quoique je fasse, je suis payé que l’oeuvre soit simple ou complexe, compréhensible ou non ! Ainsi, je sais que dès que j’ai signé le contrat, je peux compter sur mes 50.000 euros. »
Dany se réjouit de cet argent facile :
« Que ça plaise ou non aux gens, je suis payé. Et de toute façon, on trouve toujours l’excuse de dire que c’est de l’art et que ça ne plait pas forcément à tout le monde ! Mais moi je suis quelqu’un de sérieux … Ce n’est pas le cas de tous mes collègues artistes giratoires dont certains prennent l’argent pour refourguer des œuvres ignobles faites à la va-vite … »
Dany se réjouit donc des nombreux ronds-points qui sont autant de contrats pour lui. Pas sûr que cette joie soit partagée par tous les contribuables …
VOITURES RADARS PRIVÉES – Les voitures radars privées (ou privatisées) se répandent partout en France. Outre les opérateurs privés, il est désormais possible à tout particulier de louer une voiture radar privée de 1 jour jusqu’à 1 mois, et de gagner de l’argent grâce aux amendes infligées aux autres conducteurs !
Les voitures radars privées consistent en des véhicules banalisés – équipés d’un « Équipement de terrain mobile (ETM) » ou radar mobile de nouvelle génération – qui sont conduits par des personnes employées d’une entreprise privée. Ces contrôles de vitesse pas des sociétés privées ont débuté à titre expérimental dans l’Eure, lundi 23 avril dernier. Depuis, le dispositif des voitures radars privées s’est étendu dans toute la France.
Mais en plus des sociétés privées spécialisées dans les contrôles radars des usagers de la route, il est désormais possible à chaque automoboliste de devenir contrôleur, en louant une voiture radar privée toute équipée, comme nous l’explique Noémie Fallard, responsable d’une société de location de voitures à Orléans :
« Nous louons de nombreux véhicules de tous gabarits. Lorsque nous avons constaté le déploiement des voitures radars gérées par des sociétés privées, nous avons décidé de proposer des voitures radars tout équipées en location à nos clients particuliers et professionnels.
Nous avons alors suivi les préconisations et obligations décrétées par les services de la Préfecture pour équiper certains de nos véhicules de radars homologués. Ainsi, tout le système de contrôle radar est automatisé. La personne qui loue le véhicule n’a qu’à conduire et il voit sur son écran, en temps réel, le nombre d’infractions que son véhicule a relevé et le montant qu’il a a priori gagné ».
En effet, le conducteur qui loue une voiture radar privée gagne de l’argent sur chacune des infractions qu’il relève. Il s’agit d’une indemnité équivalente à 1% du montant de l’amende qui sera effectivement acquittée par le contrevenant.
« L’objectif de location d’un véhicule radar est double : non seulement se déplacer, comme pour une location de véhicule traditionnelle ; mais également pour verbaliser automatiquement, et donc gagner de l’argent pour diminuer le coût de location voire rentabiliser son trajet ! » explique Noémie Fallard.
Toutefois, la location d’un véhicule radar est onéreuse :
« La location d’une voiture radar privée coûte de 500 à 600 € par jour selon le modèle et les kilomètres prévus, soit en moyenne 3 à 4 fois plus cher qu’une location d’un véhicule nu équivalent. Mais ce surcoût est généralement très vite rentabilisé grâce aux nombreuses amendes perçues ! »
Ainsi, la location de voiture radar privée a des chances de devenir une aubaine pour de nombreux automobilistes qui louent leur véhicule dans une agence de location : chaque déplacement permettra de flasher automatiquement tous les conducteurs en infraction ; et pour chacune de ces infractions, le conducteur recevra automatiquement un dédommagement équivalent à 1% du montant de l’amende.
« De nombreuses personnes réservent d’ores et déjà pour louer nos voitures radars privées banalisées. Et on note que près des 3/4 de ceux qui louent ce genre de voiture n’ont aucun déplacement à faire a priori : ils roulent seulement toute la journée pour enregistrer un maximum d’excès de vitesse et gagner un maximum d’argent ! » nous confie N. Fallard.
Mais ne croyez pas que vous allez louer une voiture radar, la garer à un endroit stratégique et ainsi emmagasiner de l’argent sans rouler :
« Les sociétés privées qui gèrent les voitures radars, a fortiori les particuliers qui louent des voitures radars privées, n’ont pas le droit d’enregistrer d’infractions lorsqu’ils sont à l’arrêt. Ils doivent nécessairement être en mouvement. » justifie le service interministériel dédié à la sécurité routière.
Les usagers de la route vont désormais être contrôlés n’importe où et à tout moment, aussi bien par les forces de l’ordre que les opérateurs privés ou même que les particuliers qui auront loué une voiture radar banalisée. Cela va être un moyen efficace de faire respecter les vitesses … mais révèle également un nouveau « big brother » effrayant.
Ces contrôles radars par les particuliers marquent-ils le retour d’une certaine forme de délation par simple cupidité ?
TRANSPORT / INVESTISSEMENT – Le Gouvernement français envisage le fonctionnement de 10.000 radars automatiques d’ici 2025. Pour accélérer leur installation, le Gouvernement permet aux particuliers d’investir dans l’installation de ceux-ci via l’opération « Parraine un radar ». 50% des recettes des contraventions reviendront à l’Etat tandis que les 50 autres pourcents seront répartis au pro-rata du montant investi par chaque particulier pendant 5 ans.
La sécurité routière est un engagement fort auquel tient chaque gouvernement, d’autant plus que cela lui permet de récolter près de 1 milliards d’euros de recettes dus aux contraventions chaque année. Les gouvernements successifs ne cessent de marteler leur intention, année après année, de développer toujours plus le parc de radars automatiques, en en installant de nouveaux, mais également en remplaçant les anciens radars par des radars encore plus performants tels que radars tourelles urbains (combinant franchissement de feu rouge ou de passage à niveau et vitesse) ou radars double-face (permet de distinguer les différents types de véhicules et de prendre en photo aussi bien l’avant que l’arrière du véhicule).
Aussi, devant l’investissement conséquent que représente le développement du parc de radars fixes, le Gouvernement lance un appel à l’investissement auprès des particuliers via l’opération « Parraine un radar ». Marcel Hoffmann, responsable de l’opération nous explique ce projet :
« L’opération ‘Parraine un radar’ est née d’un brainstorming lors d’une réunion de travail entre plusieurs associations de sécurité routière et des représentants de l’Etat. Nous avions pour objectif de trouver des solutions afin de développer, d’ici 7 ans, le parc de radars fixes pour atteindre 10.000 machines.
[…]
Il faut compter près de 150.000€ pour chaque radar nouvelle génération, sans compter l’entretien qui s’élève à près de 15.000€ par an. Soit un investissement d’ici 2025 de plus de 1,65 milliards d’euros !
[…]
C’est pourquoi, afin d’assurer cet investissement que ne peut supporter l’Etat, nous avons décidé de lancer l’opération ‘Parraine un radar’, où chaque particulier peut investir pour contribuer à l’achat de ces radars. »
Cela signifie que chaque particulier peut investir, à hauteur de ses moyens, dans un radar. Le retour sur investissement se fera en fonction du montant des contraventions générées par ce radar et au pro-rata de son investissement, ainsi que le détaille M. Hoffmann :
« Les particuliers peuvent investir de 100 € minimum à 10.000 € maximum, mais dans un seul radar. Ils pourront choisir l’emplacement parmi ceux que nous leur proposerons sur une carte. Leur retour sur investissement se fera à hauteur de 50% des recettes des contraventions générées par ce radar sur 5 ans, les 50 autres pourcents revenant à l’Etat. Evidemment, dans ces 50% de recettes, la répartition se fera entre chaque investisseur, au pro-rata de l’investissement de chacun. En outre, les investisseurs ne percevront ces revenus que durant 5 ans après la mise en service effective du radar. Au-delà, c’est l’Etat qui récupère 100% du montant. »
Cela est très avantageux pour l’Etat, qui limite ses investissements tout en continuant à percevoir l’argent des contraventions :
« L’Etat n’investira plus 1 seul euro dans l’acquisition de nouveaux radars. Toutefois, il continue à investir dans le Centre de traitement des contraventions automatisés de Rennes et dans l’entretien et le remplacement des radars existants en cas de dégradation notamment. Mais ce n’est pas parce qu’il n’investit plus que l’Etat ne percevra pas d’argent ; 50% des recettes des contraventions lui reviendront et après 5 ans de mise en service du radar, l’Etat récupérera l’intégralité du montant des contraventions ! »
Il est également à savoir que l’investisseur n’est aucunement titulaire partiel du radar :
« Même si l’investisseur met de l’argent dans le radar, il s’agit à proprement parler d’une ‘contribution au financement’. Cela signifie que les investisseurs n’ont aucun droit sur le radar qui ne leur appartient donc pas. Celui-ci demeure intégralement propriété de l’Etat ».
Il est par ailleurs clairement indiqué que « L’investissement dans un radar fixe est soumis aux risques inhérents à l’activité d’investissement. Il ne peut être donné aucune garantie contre les pertes résultant d’un investissement réalisé dans un radar fixe, et rien ne garantit la récupération par l’investisseur de sa mise de fonds initiale. » Il faudra donc investir dans des radars susceptibles de générer un fort taux de contravention.
Alors, prêt à investir grâce aux excès de vitesse de vos concitoyens automobilistes ?