ETUDES POLITIQUES – Etienne-François De La Tour est un étudiant brillant. Pourtant, il a échoué à l’obtention de son master en Etudes Politiques en raison de l’épreuve éliminatoire dite « Epreuve du Lobby ».
Etienne-François De La Tour est un étudiant très brillant : il a notamment obtenu son bac à 14 ans avec une mention « Très Bien » et une moyenne de 19,78/20. C’est très dignement, et pour perpétuer une longue tradition familiale (8 générations), qu’Etienne-François De La Tour décide de s’inscrire dans un Institut d’Etudes Politiques (IEP), couramment appelé « Sciences Po ». Son objectif professionnel ultime consiste à devenir Directeur de Cabinet dans un ministère, à l’instar de feu son grand-père.
Âgé de 19 ans, Etienne-François s’est spécialisé dans la communication pour passer son examen terminal : le master. Après les épreuves écrites qui se sont excellemment bien passés (il récolte une moyenne de 18,76/20), Etienne-François a présenté son stage du semestre hors-les-murs, au Grand Oral, en mai 2016 :
« Pour mon Grand O (NDLR : Grand Oral), j’ai présenté mon stage effectué dans une grande entreprise de communication américaine spécialisée en politique. Mon oral s’est très bien déroulé, jusqu’à l’épreuve du Lobby ».
En effet, l’épreuve du Lobby est une épreuve se résumant à 1 question et dont la réponse de l’étudiant peut être éliminatoire, si celle-ci est jugée « très mauvaise » à l’unanimité du jury :
« Juste avant l’épreuve du Lobby, qui est l’épreuve finale de l’examen, j’étais très à l’aise suite aux succès aussi bien de mes écrits que de mon oral. Aussi, pour cette ‘épreuve du Lobby’, l’examinateur m’a posé cette question :
‘Une entreprise propose à votre parti politique de vous donner de l’argent, en liquide, sans déclarer l’intégralité des sommes qui vous seront distribuées. En échange, ils attendent que vous les privilégiez dans l’octroi de certains marchés publics. Ils exigent également que vous les sollicitiez pour mener des enquêtes publiques les concernant. Que faites-vous ?’
Alors j’ai répondu : ‘Conformément aux lois en vigueur et par intégrité politique, je refuserais catégoriquement cette proposition. Je mentionnerais également cette tentative de corruption aux services d’enquête pertinents.' »
Convaincu que cette réponse est la bonne, Etienne-François De La Tour rentre chez lui serein et satisfait, dans l’attente des résultats officiels.
Quelques semaines plus tard, le couperet tombe :
« J’ai reçu un courrier officiel faisant état de mes résultats. J’ai obtenu 18,76/20 aux épreuves écrites du master et 17,5/20 au grand O. Mais j’ai été choqué à la lecture du résultat de la terrible épreuve du lobby puisque j’ai lu :
‘0, note éliminatoire. L’étudiant a donné une réponse jugée ‘Très Mauvaise’, à l’unanimité du jury’. »
Après avoir demandé des compléments d’informations auprès de l’IEP où il a étudié, en vain, c’est auprès d’une autre source qu’il obtiendra la réponse, un homme politique :
« L’IEP a refusé de me donner de plus amples informations quant à ce résultat, sous couvert de ‘La décision souveraine du jury’. Alors j’ai contacté une personne très bien placée au Ministère de l’Intérieur. Et il m’a éclairé sur ma bourde. En effet, il m’a dit que je n’aurais jamais du répondre cela, car ce n’est pas crédible ! Il m’a dit qu’il aurait fallu que je noie le poisson en ne disant : ni oui, car c’est illégal ; ni non, car ce n’est pas réaliste …
En clair, pour bien répondre à cette question, il aurait fallu que je dise que j’accepterais cet argent noir mais en fermant les yeux sur toute la partie illégale de la transaction.
En effet, l’épreuve du lobby consiste à tester le réalisme du candidat. Et si celui-ci ne convainc pas, il est éliminé. En l’occurrence, le jury m’a pris pour un ‘Bisounours’ de la politique, ce qui ne leur a pas plu ».
Face à cette terrible déconvenue, son premier échec d’étudiant et non des moindres, Etienne-François De La Tour a décidé de faire appel de la décision. Il a également décidé de mener campagne contre la corruption politique en s’engageant dans une association pour l’éthique en politique.