MONDE ENSEIGNANT – L’association Assoc Enseignante veut déposer plainte. Cette plainte soulève un problème qui couve dans le corps enseignant depuis plusieurs années déjà :rien n’est fait contre l’ennui des enseignants durant les vacances, ce qui peut entraîner de graves problèmes chez certains de ces professionnels.
L’association Assoc Enseignante veut déposer une plainte assez surprenante. En effet, depuis plusieurs années couve un problème honteux mais très important dans le corps enseignant : ceux-ci s’ennuieraient du fait qu’ils ont trop de vacances.
Abel Myrrhe, représentant de l’Assoc Enseignante en Lorraine nous explique l’origine de cette plainte :
“Lorsqu’on parle du corps enseignant, on aborde très souvent le thème des vacances omniprésentes. Toutefois, ce nombre important de semaines de vacances n’est pas sans cacher un problème très prégnant qui touche la majorité des enseignants : un ennui, parfois profond. Il y a même des enseignants qui nous contactent pour des problèmes de dépression dus à cela ! On est restés trop longtemps sans rien faire, il nous fallait agir.”
En effet, l’Assoc Enseignante a calculé l’ensemble des problèmes de santé dus directement à des vacances trop fréquentes : en tout, lors des vacances d’été 2014, ce sont 15.666 cas qui ont été officiellement dénombrés. Ces cas vont de la légère déprime à de graves dépressions.
Abel Myrrhe ajoute :
“Les enseignants sont les grands oubliés de la Fonction Publique. Quand ils sont vacances, ils n’existent plus. Or, certains vivent difficilement voire très difficilement ces congés payés. Ils n’ont pas été préparés à cela !
Et sur les 15.666 cas recensés, il ne faut pas oublier tous ceux qui ne sont pas allés voir un médecin. On peut ainsi en dénombrer au moins le double !”
Rachid Wilda, porte-parole de l’Assoc Enseignante, préconise de revoir la formation des enseignants :
“Dans les ESPE, on forme les enseignants à devenir professeur. Mais on oublie de les former à gérer leur temps de travail et leur temps de loisir. En effet, le métier d’enseignant ne se calcule pas par le nombre d’heures en présentiel devant élèves, mais dans un ensemble de préparation, correction, réunions, création et développement de projets, etc.
Outre ce temps de travail, il faut aussi préparer les enseignants au fait qu’ils auront de nombreuses semaines de vacances. Il faut leur apprendre à s’organiser pour profiter pleinement de ces congés payés.”
Fanny Lépit, enseignante néo-titulaire (elle vient de finir sa première année en tant que titulaire), nous confie son embarras face à ces premières grandes vacances en tant qu’enseignante :
“Il est vrai que je suis particulièrement déstabilisée. Autant j’avais énormément de travail durant les vacances qui ont parsemé l’année écoulée, autant là, avec les grandes vacances, je ne sais pas trop quoi faire. Je dois même avouer que je culpabilise un peu. Comment est-ce possible, tout en étant payé, de profiter de 2 mois de vacances, où on n’a de comptes à rendre à personne ?
J’ai encore l’impression d’être une étudiante … mais le salaire en plus et sans job d’été !”
On comprend donc bien le malaise des enseignants. Toute notre équipe de journalistes compatit pleinement (nous, on a la chance de travailler !). Espérons qu’on daigne écouter ce corps mal-aimé pour lui proposer des mesures satisfaisantes, comme, pourquoi pas, des vacances organisées (tous frais payés) …