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Servènä : la ville turkmène où tout est à l’envers !

REPORTAGE – Servènä est un village du Turkménistan où tout est à l’envers : maisons, code de la route, hiérarchie politique, vie quotidienne, etc. Reportage sur cette ville insolite dont l’accès est strictement interdit.

Servena
Vue du village secret de Servènä où tout est inversé, prise depuis notre drône en mars 2015.

La ville de Servènä est un village d’à peine 72 habitants et qui est inconnu du grand public. Et pour cause, c’est le village le plus secret et le plus protégé au monde. Fortifications de 15 mètres de haut pour entourer une surface de 750 km², forces armées turkmènes tout au long de ces barricades, systèmes d’alarmes multiples (détection laser, radars, drônes, etc.). Grâce à un journaliste d’investigation embauché par nos soins, nous avons pu retrouver ce village insolite autogéré. Il se situe dans la zone très sensible d’un pays tout aussi secret : le Turkménistan. Aussi, nous avons pu pénétrer dans ce lieu secret grâce à un micro-drône de seulement 18cm² et 420g. Et nous avons été très surpris de notre découverte !

En effet, notre drône diffusait en temps réel les images prises de ce village. Nous avons pu observer que tout était à l’envers :

  • Les maisons sont construites de manière totalement inverse aux nôtres : le rez-de-chaussée en forme de toit correspond au grenier et le garage et la cave se trouvent tout en haut. Des chemins d’accès en hauteur servent à garer leur voiture ;
  • Les automobiles sont construites à l’envers. les portières s’ouvrent en sens inverse et on a l’impression que les véhicules reculent, puisque les voitures avancent par l’arrière, le pare-brise étant un rétroviseur géant. Mais toute marche arrière est impossible ;
  • Point de vue code de la route : la priorité est systématiquement à gauche ; les feux sont posés à l’envers ; le panneau « Stop » signifie « Route prioritaire » ; les passages piétons donnent la priorité aux véhicules ; les parkings sont des lieux où il est interdit de s’arrêter ;
  • Les habitants portent des pulls en bas et des pantalons ou longues robes en haut. Evidemment, cela est ajusté à leur morphologie.

Outre ces constatations objectives fournies par notre drône, nous avons pu contacter un ancien habitant de ce village, il s’appelle Mahmad, par Internet. Il nous révèle que tout le système est à l’envers :

  • Lors des élections politiques, celui qui est élu ne siège pas, s’est son adversaire ;

  • Si on ne croit pas en Allah, on va à la mosquée, sinon cela est interdit ;

  • On manifeste uniquement quand on est content ;

  • On ne fait que voler. Acheter est considéré comme un délit ;

  • On paye plus d’impôts si on est pauvre ;

  • On est majeur jusqu’à 18 ans. Ensuite on n’a plus le droit de voter. De même, on commence sa vie par une retraite de 18 ans avant de travailler 60 ans (c’est la loi au Turkménistan) puis on poursuite des études ;

  • Tous les actes illégaux sont récompensés. Un meurtre équivaut à une prime de 150.000 €. C’est d’ailleurs pour cela que la population a décru de 14000% en 3 ans !

Aussi, nous avons souhaité connaître les raisons de ce système inversé. D’après nos recherches historiques, ce système se baserait sur un pari entre le shah persan, le shah de Khiva et l’émir de Boukhara. Celui qui parvenait à créer l’Etat le plus original possible se verrait offrir tout le territoire. C’est le shah iranien Nadir qui remporta la bataille grâce à son idée folle de tout inverser dans la tribu de Sirvyna (aujourd’hui le village de « Servènä »). Et ainsi, depuis le XVIIème siècle, tout est inversé à Servènä. Au fur et à mesure des progrès technologiques, ses habitants ont toujours tout inversé pour répondre à cette culture très originale.

A notre connaissance, aucun autre lieu n’est semblable à celui-ci. Mais ne parlez pas de folklore car comme dirait notre contact, Mahmad :

« C’est un véritable mode de vie. Pour les Servès (NDLR : les habitants de Servènä) il est inconcevable de fonctionner autrement. Ils ne connaissent rien de l’extérieur, ils ne savent pas qu’ils sont soi-disant à l’envers. »

Et il conclue par :

« D’ailleurs, ce n’est pas parce que eux ne font pas comme le reste du monde qu’ils ont tort : et si l’envers était l’endroit ? »

Une question philosophique à se poser …